Le Tremplin 16-30 voit le jour en 2002 à l’initiative de différents partenaires sherbrookois du milieu, tous préoccupés par la lutte à l’itinérance et à la pauvreté dans un contexte où les ressources communautaires et d’hébergement n’étaient pas conçues pour répondre aux besoins des jeunes et favoriser leur autonomie. Deux immeubles situés sur la rue Wellington Sud sont acquis par l’entremise du Parallèle de l’habitation sociale de Sherbrooke et convertis en 23 unités de logements avec espaces polyvalents au rez-de-chaussée.
Le Tremplin s’incorpore officiellement en mars 2003 et son Assemblée générale de fondation a lieu le 27 mai 2003. L’organisme est chargé du suivi des logements, en collaboration avec l’Office municipal d’habitation de Sherbrooke (OMHS), ainsi que de plusieurs mesures de soutien communautaire pour les jeunes, mesures qui prendront plusieurs formes au fil des ans et selon le financement accordé à l’organisme (ex: animation de la vie résidentielle, plateaux de travail, projet Travail d’un jour, programmation socioculturelle de la Salle Le Tremplin, projets d’art social, etc.).
De 2002 à 2013
Entre 2002 et 2013, le Tremplin se développe principalement autour de deux volets principaux : résidentiel et socioculturel. Le volet résidentiel tournait autour des 23 logements sociaux, qui n’étaient alors pas tous subventionnés, et offrait déjà du soutien communautaire et de l’accompagnement personnalisé aux résidents et résidentes. Pour développer un plus grand sentiment d’appartenance des jeunes, un milieu de vie plus structuré est mis en place à partir de 2005 avec une programmation d’activités obligatoires, comme des ateliers et des soupers-rencontres. Rapidement, l’engagement social, le contact avec la nature et l’accès à la culture font partie des approches préconisées par l’équipe.
Le volet socioculturel se développe dès les débuts du Tremplin grâce aux installations de sa grande salle multifonctionnelle et à un Comité culture bénévole. La salle accueille d’abord beaucoup de spectacles de musique underground, puis des expositions et d’autres événements en art vivant, toujours dans un milieu sans alcool, donc ouvert aux personnes de tous âges, comme une alternative aux bars et salles conventionnelles. L’idée de la Salle Le Tremplin, avec sa programmation plus officielle, son accompagnement d’artiste en émergence et son développement de projets d’art social, débute en 2006. La salle crée de plus en plus une passerelle avec la communauté en favorisant la mixité sociale et l’accès à la culture dans le quartier défavorisé qu’est la Wellington Sud. Plusieurs projets marquants s’amorcent à cette période, dont le théâtre social Artifice, les soirées Slam du Tremplin et le groupe photo du Tremplin.
Aussi, dès 2003, un espace café-cuisine est installé dans la partie sud du rez-de-chaussée de l’immeuble et se transforme en plateau de travail en 2004 : c’est la naissance du Café Zybaldone! Ce café à but non lucratif, suivi par son service traiteur et de conciergerie, permet alors à des centaines de jeunes d’acquérir des compétences professionnelles et de se former dans un contexte de travail valorisant. Étant donné les difficultés de maintenir les services en dehors des cohortes de formation, le café ferme en 2011 et les derniers plateaux de travail en 2013.
D’autres projets sont développés à cette époque en partenariat avec le milieu communautaire et institutionnel. Le Service Pré-Retour, lancé en 2008, offrait un accompagnement personnalisé aux jeunes de 16 ans et plus dans une perspective de réinsertion sociale, scolaire et professionnelle. Le projet Travail d’un jour a permis en 2012 et 2013 à des personnes en situation de marginalité, de désaffiliation sociale ou à risque d’itinérance de bénéficier d’un service d’emploi à la journée avec un accompagnement personnalisé d’une équipe d’intervention présente avec ces personnes dans le milieu de travail proposé.
De 2014 à 2024
L’année 2014 amène de grands bouleversements pour le Tremplin alors que des subventions importantes sont coupées ou non renouvelées. Une restructuration majeure s’amorce et le Tremplin se recentre autour de ses activités de soutien résidentiel, au coeur de sa mission, et de sa programmation socioculturelle. L’opération Coup de Pouce, organisée annuellement afin de lever des fonds pour le Tremplin, prend l’allure de grand sauvetage; le milieu sherbrookois, dont plusieurs artistes bénévoles, répond heureusement présent et redonne du souffle à l’organisme. Après plusieurs démarches administratives auprès de partenaires et d’institutions publiques, le Tremplin reçoit pour la première fois une subvention de soutien à la mission ainsi qu’un prêt de l’OMHS, qui permettent alors à l’organisme de poursuivre ses opérations, puis de retrouver une stabilité financière et enfin d’entamer une nouvelle période de croissance.
Le Tremplin profite de cette phase de restructuration pour revoir ses pratiques, ses valeurs, ses approches d’intervention et sa vision d’organisme. Parmi les changements, on note la gratuité des événements de la salle pour les résidents et résidentes, le développement d’activités d’intervention par le plein air, l’instauration de nouvelles activités de mise en action obligatoires pour les jeunes sans emploi ni aux études ainsi que l’aménagement d’un local réservé comme milieu de vie résidentiel. Par ailleurs, l’ancien espace du Café Zybaldone est loué, aménagé et opéré de 2014 à 2016 par une entreprise privée, le Café Umano; à sa fermeture, cette section du bâtiment devient une galerie d’art ainsi qu’une cuisine collective pour les jeunes et les activités de la Salle Le Tremplin.
Dès lors, les activités du Tremplin ne sont plus divisées en volets, mais forment plutôt un ensemble cohérent avec la mission de l’organisme. À partir de 2018, des comités de travail consultatifs sont créés pour repenser certains aspects fondamentaux du Tremplin, soit l’intervention communautaire, l’intervention de milieu et le développement de la salle. Les activités cessent d’être obligatoires pour les résidents et résidentes, puis les jeunes sur la liste d’attente recoivent désormais de l’accompagnement personnalisé avant leur arrivée tandis que ceux et celles qui quittent le Tremplin bénéficient d’une période d’accompagnement en transition. En somme, le soutien communautaire et l’intervention de milieu sont davantage préconisés pour favoriser la mise en action des jeunes.
La fermeture du bureau et de la salle durant les périodes de confinement pandémique en 2020 et 2021 a évidemment un impact majeur sur l’équipe de travail et les jeunes fréquentant les activités du Tremplin. Ces circonstances difficiles contribuent néanmoins à la mise en place de processus administratifs et informatiques plus efficaces ainsi qu’à la réorientation de la salle vers des projets en art social, des activités « par et pour » et des projets issus de la communauté, tel que défini par sa nouvelle direction artistique. En bref, la Salle Le Tremplin tire sa révérence et devient la salle multifonctionnelle du Tremplin!
Les espaces du Tremplin se réorganisent aussi entre 2020 et 2024 : l’équipe s’étant agrandie presque du double depuis 2018, des bureaux prennent désormais place dans l’ancienne galerie d’art. Du côté de la cuisine, les installations se simplifient et sont adaptées aux besoins des jeunes notamment grâce à une grande table-comptoir. Enfin, les jeunes proposent de déplacer leur milieu de vie d’un local fermé vers l’espace entre les bureaux de la galerie et la cuisine, en mode salon ouvert, ce qui leur permet de faire partie prenante de la salle multifonctionnelle et de se positionner physiquement au cœur des activités du Tremplin.
De nos jours
Le Tremplin 16-30 de Sherbrooke offre aujourd’hui du soutien communautaire et résidentiel à des jeunes de 16 à 30 ans, en situation ou à risque d’itinérance, en leur donnant accès à un accompagnement personnalisé et à un milieu de vie. L’intervention auprès des utilisateurs et utilisatrices s’appuie sur quatre axes : le contact avec les arts et la culture, la mixité sociale, les saines habitudes de vie et le contact avec la nature. Ces approches ont pour but de favoriser la mise en action, l’intégration sociale et le développement de l’autonomie des jeunes.
Au fil des ans, le Tremplin 16-30 est aussi devenu un acteur majeur de revitalisation sociocommunautaire au centre-ville de Sherbrooke. La salle multifonctionnelle du Tremplin offre un espace créatif ouvert, axé sur la transformation sociale et collective, avec des activités et événements par et pour les jeunes, les artistes de la relève et la population locale. Plusieurs projets d’art social et de développement des communautés ont aussi été mis en place ou appuyés par le Tremplin; certaines initiatives se poursuivent et d’autres sont encore à imaginer, preuve qu’il y a encore de nombreuses belles années à venir pour notre organisme.

À la rencontre du Tremplin 16-30
À l’occasion de son 20e anniversaire de fondation en 2023, le Tremplin a lancé une série de 4 capsules vidéo inspirantes pour découvrir notre organisme à travers son passé, son présent et ses perspectives d’avenir. Les capsules ont été réalisées par Jean-Sébastien Dutil et Jean-François Vachon, deux artistes sherbrookois investis dans le milieu sociocommunautaire, en collaboration avec l’équipe du Tremplin. Chaque épisode témoigne à sa façon de ce qui rend le Tremplin unique autant pour les gens qui y travaillent que pour les jeunes au cœur de nos activités.